mardi 15 mars 2016

Cette galère de conserver ses consultants

Juste une petite note pour expliquer un des paradoxes du monde de l'entreprise et en particulier du monde de la sécurité. L'argent ne fait pas tout, mais mêmes mes gars les plus motivés finissent par être attirés ailleurs à cause de l'argent.

En gros chaque année le volume des augmentations est décidé de façon légèrement arbitraire (sans doute régi par des calculs, mais on sait bien que les calculs peuvent être faussés comme on veut). On se retrouve avec une enveloppe de 3% de la masse salariale, ce qui, avec ma connaissance naïve du process, donnerait 3% d'augmentation par personne, mais c'est compliqué avec les démissions et recrutements sur cette période.

Les patrons commencent par se servir, souvent à plus de 3% car ils font vivre la société, apportent le business, etc. (ça ne me semble pas injuste, c'est juste l'enveloppe qui est trop petite). Ensuite il y a une répartition relativement équitable entre les différentes branches. On se retrouve donc avec un poil moins de 3% pour notre équipe sans la moindre corrélation avec la marge qu'on peut réaliser.

On se retrouve donc à mettre 0% sans autre choix aux personnes avec la moins bonne progression, mais comme on a bien recruté, on n'a pas beaucoup de mauvais. Donc on se retrouve avec moins de 4% par personne. Pas de quoi les faire rester par rapport à la concurrence qui propose des salaires indécents. Le pire c'est qu'on est quasiment prêt à débaucher des consultants au même prix qu'eux, car on sait qu'on est rentable.

En gros on est bloqué par le système d'augmentation alors qu'on saurait remplir les objectifs de rentabilités même en payant plus nos consultants...

La dernière chose qu'on m'ait proposée est de générer des primes sur mes projets. Mais ce n'est pas si simple que ça. Il faut déjà que mon projet soit rentable à un certain pourcentage et si je dépasse, la société prend encore une grosse partie de mon dépassement de marge et je verse du brut à mon consultant. Il ne reste plus rien (20% de ce que j'avais réussi à grappiller) à lui donner et je risque même de perdre ma crédibilité à donner d'aussi petites primes.

Bref, je fais remonter le plus d'alertes possibles, je demande des formations pour mes gars, je tente de conserver une bonne ambiance et de désamorcer les cas dont j'ai connaissance.  Je pense que ça fait partie du quotidien d'un manager... et je n'en veux pas à ceux qui partent car j'ai été aussi à leur place.

PS : Mêmes les RH semblent se rendre compte qu'il y a un problème : http://www.portailrh.org/impression/default.aspx?f=22647